Emile Auguste Chartier (Alain) : Quatre-vingt-un chapitres sur l’esprit et les passions

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L’homme, par nature, n’aimerait que lui, et ce serait la sauvagerie; mais les liens de société l’obligent à compter avec les autres, et à les aimer pour lui, tant qu’enfin il arrive à croire qu’il les aime pour eux. Il existe un bon nombre d’ouvrages, assez ingénieux, où l’on explique assez bien le passage de l’amour de soi à l’amour d’autrui; et j’avoue que si l’on commençait par la solitude et l’amour de soi, on arriverait bientôt à aimer ses semblables. Mais ce n’est qu’une mauvaise algèbre. Autant qu’on connaît le sauvage, il vit en cérémonie et adore la vie commune; il est aussi peu égoïste que l’on voudra. L’égoïsme est un fruit de la civilisation, non de sauvagerie; et l’altruisme aussi son correctif; mais l’un et l’autre sont plutôt des mots que des êtres.

Emile Auguste Chartier (Alain) : Quatre-vingt-un chapitres sur l’esprit et les passions

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